Qu'est-ce qu'un rite de passage?

Un rite de passage est un rituel qui s’inscrit dans un processus de socialisation et de développement individuel. Il permet de découvrir et d’affirmer ses propres talents et de prendre sa place au sein d’une culture ou d’une communauté. Il permet de faire sens avec ce qui arrive et de renouveler un sentiment d’appartenance et de responsabilité.

C’est une façon à la fois élémentaire et puissante de se reconnecter à soi-même, aux autres et à la terre.

Dans nos vies, le changement n’est pas facultatif, il ne dépend pas de nous qu’il se produise ou non. Ce qui dépend de nous par contre c’est de donner du sens aux changements qui se produisent. Nous autres humains, en effet, avons besoin de comprendre et de donner du sens, et pour cela nous racontons des histoires, nous partageons des récits.

Un rite de passage permet de faire en sorte que ces changements soient des initiations, qui aident à renouveler, et enrichir, le sens que nous donnons à notre existence d’être humain, à raconter une nouvelle histoire. Quand ça change (quand on devient adulte, quand on se marie, qu’on a un enfant, qu’on vieillit et qu’on ne travaille plus, quand on perd un être cher, qu’on tombe malade, ou amoureux – ou, aujourd’hui, quand le monde semble s’écrouler), les anciens repères qui donnaient du sens ne tiennent plus ; ce qui permettait de s’orienter, ce qui nous tenait, et à quoi nous tenions, ne tient plus ; nous ne pouvons plus croire les anciennes histoires que nous racontions à propos de nous-mêmes. Le changement provoque du désordre, et ce désordre a besoin d’être ordonné

Les ethnologues s’y sont intéressés depuis un peu plus d’un siècle, mais depuis des milliers d’années sans doute, les humains ont célébré des rites de passage, des «cérémonies» (indépendamment de toute référence religieuse) pour traverser ces changements. Pour aller en quelque sorte s’asseoir avec l’inconnu, et se laisser initier – trouver là, au coeur même du changement, quelque chose qui tient, qui soutient. Une initiation, c’est-à-dire la possibilité de revenir transformé, pour continuer. Les rites de passage permettent à l’individu de trouver un sens nouveau., ils l’assistent et le soutiennent dans sa transition vers une nouvelle étape, et cela inclut toujours ses relations à sa famille, à sa communauté, à sa culture, à ses ancêtres et au monde dans son ensemble.

Quels sont les éléments fondamentaux des rites de passage dans la nature ?

(Eléments rassemblés par Darcy Ottey, Meredith Little et Gigi Coyle)

  • Une formulation claire de la transition dans laquelle la personne se trouve (p. ex., de quoi tu es en train de sortir, et dans quoi tu entres, dans ton cycle de vie), et qu’est-ce que tu affrmes formellement avoir été acquis – intention

  • Une cérémonie tenue par des «anciens» - des personnes qui on eu l’occasion de vivre leur propres processus de développement et en ont tiré les fruits, en quelque sorte des personnes qui sont initiées à la pratique des rites de passage contemporains, qui en ont une expérience concrète et positive

  • Un temps en solo dans la nature suffisamment long pour ressentir sa place dans la grande communauté du vivant

  • La visée est de nature spirituelle plutôt que psychologique, même si l’expérience est thérapeutique

  • Une compréhension du fait que ceci n’est uniquement pour soi-même, mais au service du plus grand tout

  • Une expérience de «test» ou défi (c’est-à-dire la possibilité de l’échec – même si c’est une possibilité perçue, et pas effective)

  • Une forme de rituel et de cérémonie

  • La présence d’une communauté qui accueille au retour, témoigne et valide l’expérience vécue.

  • Une expérience fondée sur une compréhension des cycles naturels («four shields», roue de médecine)

  • Une cérémonie sans connotation religieuse qui contient des symboles/actions/tabous qui font sens personnellement et spirituellement, qui sont appropriés à l’âge et à la culture des personnes présentes et qui forment un contexte riche de sens pour le passage qui est marqué

  • Des expériences qui engendrent un sens d’appartenance authentique à la communauté humaine et à la nature

C'est peut-être un invariant de la rencontre animale : quand on croise un animal sauvage par hasard dans la forêt, une biche qui lève les yeux vers soi, on a l'impression d'un don, un don très particulier, sans intention de donner, sans possibilité de se l'approprier.”

Baptiste Morizot