“La conversation” Episode 4

Il y a, disait l’une des voix au début de ce quatrième cercle, «un besoin d’intégrer, d’incorporer, certaines choses qui ont été vécues». Et la même voix évoquait, tout à la fin, «la magie de pouvoir partager sincèrement». Telle est donc cette conversation. Comme une cérémonie : un début, une fin, et entre deux, on ne sait pas. Le mystère, la magie – des rencontres, avec soi, avec le monde, avec d’autres.


Et puisqu’on ne sait pas, mais qu’on ouvre un espace où tout peut advenir, comme un terrain d’«adventure», toutes les surprises sont possibles, et trouvent leur place en dérangeant tout, et en mettant pourtant tout à sa place. Comme dans une cérémonie, comme aller s’asseoir, et écouter. Et cette fois, ce qui est venu sans avoir été prévu, porté par une des voix, c’était ce questionnement autour de la difficulté des relations aux autres : comment être dans un cercle avec d’autres que je ne connais pas ? Comment pouvoir apporter mes difficultés particulières, singulières, dans le cercle ? Comment tisser des liens tout en écoutant et respectant l’espace nécessaire, la distance entre deux indispensable pour qu’il y ait une relation ? Comment faire avec le sentiment d’être irréductiblement alien, «idiot», au sens littéral ? Comment on fait quand quelqu’un nous adresse la parole, sur le chemin où on se rencontre, et qu’on n’a pas envie de parler ?


Alors, encore une fois, en cercle, parler sans faire de bruit. A partir des expérienes de chacun, se laisser écouter une sagesse qui est au-delà des individualités présentes. Entendre la difficulté, mais aussi le désir, de se retrouver ensemble. Cette dimension si essentielle dans ce travail de rites de passage : aller là-bas, dehors, seule, seul, y trouver sa force, mais pouvoir revenir, avec les autres, et être reconnu dans sa propre force. Le «je te vois» sans lequel la force que je ramène restera comme inerte. Cette force ne peut pas être privatisée…

Photo: Carine Roth

Nous avons tous le désir de rentrer chez nous, quelque part où nous n’avons jamais été – un lieu, à la fois souvenir et vision, dont nous pouvons seulement capter des aperçus de temps en temps. La communauté. Quelque part, il y a des gens auxquels nous pouvons parler avec passion sans que les mots nous restent dans la gorge. Quelque part, un cercle de mains s’ouvrira pour nous recevoir, des yeux s’allumeront quand nous entrerons, des voix célébreront avec nous notre entrée dans notre propre pouvoir. La communauté signifie une force qui rejoint notre propre force pour faire le travail qui doit être fait. Des bras pour nous soutenir quand nous défaillons. Un cercle de guérison. Un cercle d’amis. Un lieu où nous pouvons être libres. (Starhawk)

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