Guido Albertelli Guido Albertelli

“La conversation” Episode 5

Les questions qui émergent au début de cette cinquième conversation concernent ce que c’est qu’être vivant, et ce que signifie habiter – particulièrement habiter au milieu, entre avant et après, entre partir et revenir. Des questions riches, sur lesquelles la pratique des rites de passage, des jeûnes de vision dans la nature, apporte des éclairages précieux.


Un premier tour de cercle fait ressortir la nécessité de l’action, de mettre en œuvre, de se mettre en mouvement. La confiance profonde, au retour de la quête, que «le monde va changer» ne suffit pas : ce que j’ai appris pour mieux habiter demande des actions, des efforts, des choses qu’on n’a pas forcément envie de faire. Et c’est cela qui rend vivante : mettre en action, concrètement, ce que j’ai reçu de bon, de fort, pour que ça améliore mon habitat – avec la question, restée ouverte, de savoir où s’arrête mon habitat, jusqu’où s’étend le lieu que j’habite. La nécessité, comme dans la règle des moines, de «vivre et travailler».

Si être vivant consiste à être dans l’action, à faire des choses concrètes, et en retirer une vraie satisfaction de faire bien, il apparaît par ailleurs que c’est aussi suivre son cœur, avec tout le courage que cela peut exiger de nous. Et enfin, être vivant implique aussi la curiosité, le désir de savoir un peu plus, de connaître – une curiosité qui ouvre des perspectives pour devenir autre chose.

Enfin, habiter signifie aussi : avoir un lieu où revenir, un endroit protéger, d’où on peut rebondir. Habiter a lieu dans la tension entre vagabonder et construire, partir et revenir. Je vagabonde, et je reviens – comme la preuve que je suis partie.


En reconnectant tout cela avec les expériences de rites de passage, de jeûnes en solo dans la nature, vécues par les unes et des autres, le tableau s’enrichit encore.

Dehors, dans le temps du solo, sans abri, il semble d’abord qu’il n’y ait pas d’habitat. Mais j’y fais l’expérience que poser les éléments basiques dont j’ai besoin (l’endroit où dormir, le coin où mettre mes affaires à l’abri, où stocker l’eau, …) suffit pour «faire un habitat». Habiter, c’est fondamentalement avoir un camp, un endroit où tu sais que tu peux revenir. C’est être dans le monde, choisir l’endroit qui convient, faire ce qu’il y a à faire pour être à l’abri. Habiter dehors, c’est aussi se confronter parfois à quelque chose contre quoi on ne peut pas aller, et apprendre qu’il est possible d’aller avec le flot – et découvrir que ça peut être encore mieux que ce qu’on avait prévu. Mais l’habitat, c’est aussi l’endroit où on a des repères, dans l’espace et le temps, pouvoir être au bon endroit, au bon moment, pour faire ce dont j’ai besoin (par exemple, dans le rythme des saisons, l’hiver pour pouvoir s’arrêter et digérer. Là où j’habite, c’est le lieu de l’introspection, de la sécurité pour pouvoir se poser. Se dédier à quelque chose, de longue haleine. Et pouvoir le donner. Et dans la tension entre partir et revenir, habiter constitue ainsi aussi l’espace d’un voyage sur place, d’un voyage intérieur, dans la profondeur. Enfin, aller habiter dehors est toujours momentané, un moment transitoire, comme le passage vers quelque chose d’autre.


La quête de vision, le jeûne en solitaire dans la nature, c’est précisément l’expérience de la vie ramenée à cet élémentaire de l’habiter, toujours pris entre partir et revenir. Aller là-dehors, avec juste une bâche, de l’eau, rien pour s’occuper, et revenir en ramenant quelque chose à quoi se consacrer, à mettre en action. Te trouver comme nu dans la nature, et dans cette nudité devenir créatif. Ça peut être épuisant, et pourtant c’est là que tu trouves en toi des forces que tu ne soupçonnais pas. Affronter l’imprévisible, et découvrir qu’il t’est possible d’inventer pour continuer.


D’ailleurs, dans les derniers mots de cette conversation, il y avait le désir de continuer encore, «jusqu’à minuit !». Alors… continuons !

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“La conversation” Episode 4

Il y a, disait l’une des voix au début de ce quatrième cercle, «un besoin d’intégrer, d’incorporer, certaines choses qui ont été vécues». Et la même voix évoquait, tout à la fin, «la magie de pouvoir partager sincèrement». Telle est donc cette conversation. Comme une cérémonie : un début, une fin, et entre deux, on ne sait pas. Le mystère, la magie – des rencontres, avec soi, avec le monde, avec d’autres.


Et puisqu’on ne sait pas, mais qu’on ouvre un espace où tout peut advenir, comme un terrain d’«adventure», toutes les surprises sont possibles, et trouvent leur place en dérangeant tout, et en mettant pourtant tout à sa place. Comme dans une cérémonie, comme aller s’asseoir, et écouter. Et cette fois, ce qui est venu sans avoir été prévu, porté par une des voix, c’était ce questionnement autour de la difficulté des relations aux autres : comment être dans un cercle avec d’autres que je ne connais pas ? Comment pouvoir apporter mes difficultés particulières, singulières, dans le cercle ? Comment tisser des liens tout en écoutant et respectant l’espace nécessaire, la distance entre deux indispensable pour qu’il y ait une relation ? Comment faire avec le sentiment d’être irréductiblement alien, «idiot», au sens littéral ? Comment on fait quand quelqu’un nous adresse la parole, sur le chemin où on se rencontre, et qu’on n’a pas envie de parler ?


Alors, encore une fois, en cercle, parler sans faire de bruit. A partir des expérienes de chacun, se laisser écouter une sagesse qui est au-delà des individualités présentes. Entendre la difficulté, mais aussi le désir, de se retrouver ensemble. Cette dimension si essentielle dans ce travail de rites de passage : aller là-bas, dehors, seule, seul, y trouver sa force, mais pouvoir revenir, avec les autres, et être reconnu dans sa propre force. Le «je te vois» sans lequel la force que je ramène restera comme inerte. Cette force ne peut pas être privatisée…

Photo: Carine Roth

Nous avons tous le désir de rentrer chez nous, quelque part où nous n’avons jamais été – un lieu, à la fois souvenir et vision, dont nous pouvons seulement capter des aperçus de temps en temps. La communauté. Quelque part, il y a des gens auxquels nous pouvons parler avec passion sans que les mots nous restent dans la gorge. Quelque part, un cercle de mains s’ouvrira pour nous recevoir, des yeux s’allumeront quand nous entrerons, des voix célébreront avec nous notre entrée dans notre propre pouvoir. La communauté signifie une force qui rejoint notre propre force pour faire le travail qui doit être fait. Des bras pour nous soutenir quand nous défaillons. Un cercle de guérison. Un cercle d’amis. Un lieu où nous pouvons être libres. (Starhawk)

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RAJE 2024 - des nouvelles du programme de “Rise and Regenerate and Rite de Passage”

Our circles were missing 4 young activists from South Africa:

Shoki Abiguele Chuene, Obohle (Baby) Sihu, Keagen Jeron Gertse and Massegow Gorgy Machwisa. They were denied their visa to join Rise & Regenerate youth exchange. These visas were rejected by the same country that had offered the financial support for them to participate.

Swiss visa application was discriminatory towards people with a challenging economic and social status, since it required a stable income or being self employed. Most of the South Africans supposed to attend the programme didn’t fulfill this as they are not in education, employment or training. Furthermore, some visas were rejected on the basis of not providing enough evidence that they will return to their homeland. They were made to feel like criminals and untrustworthy. This happened in a country whose apartheid system still hangs over its black citizens, and the Swiss Embassy handling of the visas added further to the discrimination these South Africans face daily.

This was a life changing opportunity for these activists, some of whom had never boarded a plane before. They were denied coming to the beautiful Jura mountains to recharge their batteries, meeting activists from across Europe, inspiring and being inspired by them, to grow and to find their calling through this community experience.

We have felt their absence deeply throughout this exchange and grieved it on our first day. Nothing could possibly make up for their physical presence, but we have kept them in our journey by symbolically including them in our circle. We will also have a night dancing to Amapiano where they will also join us by Zoom.

Shoki, Baby, Keagan and Masego: you are in our hearts, now and always.

Rite de Passage en partenariat avec Activate! et Les Coccinelles

En août 2024, un groupe de jeunes adultes venus du monde entier s'est réuni en Suisse pour participer à l'échange international de jeunesse

« Rise and Regenerate – Rite of Passage »

Cet événement, une initiative locale de dix jours destinée à cultiver le leadership et l’activisme chez des jeunes internationaux, a été organisé grâce aux efforts conjoints des organisations suisses Les Coccinelles et Rite de Passage, ainsi que de l’organisation sud-africaine ACTIVATE!

Il a également bénéficié du soutien financier de Movetia, une fondation qui promeut les échanges, la mobilité et la coopération dans les domaines de l'éducation et de la formation auprès des jeunes, en Suisse, en Europe et à l'échelle mondiale.

Élever des Ponts : La Jeunesse Face aux Inégalités Globales

Pour les participants sud-africains, ce n’était pas qu’une simple opportunité de voyager : c’était une expérience de changement. Représentant leurs townships et villages, leur voyage incarnait une source d'espoir et de fierté pour leurs communautés restées au pays.

Pour Obohle « Baby » Sihu, une jeune femme issue d’un village rural en Afrique du Sud, cette opportunité allait bien au-delà d’un projet personnel. Toute sa communauté voyait en son voyage une opportunité puissante de mettre leur village sur la carte et de montrer au monde leur richesse et leur potentiel. De nombreux jeunes de sa région aspirent à de grandes choses malgré des opportunités limitées, et ce voyage représentait une preuve inspirante que leurs rêves peuvent les mener loin. Pour son village, c'était une façon affirmée de dire au monde : « Nous sommes ici, et nous comptons. »

Une rencontre de cultures

Cette rencontre de cultures était tout aussi importante pour les participants du Nord global, comme ceux venant de Suisse, d’Italie et d’Allemagne. De telles expériences offrent une rare opportunité aux jeunes issus de milieux privilégiés d’interagir directement avec les réalités vécues par ceux des régions historiquement marginalisées. Ces échanges suscitent des conversations essentielles sur le racisme systémique, les héritages coloniaux et la nécessité de décoloniser non seulement les systèmes mondiaux mais aussi les mentalités individuelles. Ils remettent en question des biais profondément enracinés, aidant les participants du Nord global à confronter et commencer à démanteler les structures de privilège dont ils bénéficient souvent inconsciemment.

Une réalité brutale

Cependant, tandis que l’événement visait à bâtir des ponts, le processus de visa a révélé à quel point il est difficile pour les jeunes du Sud global d’accéder à des opportunités dans le Nord global. Une réalité dure et cruelle.

Pour les jeunes participants sud-africains sélectionnés, ce voyage était leur première expérience à l’étranger. Activistes travaillant à l’échelle locale pour résoudre les problèmes de leurs communautés, souvent sans emploi formel ni soutien financier substantiel, ils avaient malgré tout obtenu un financement complet pour ce déplacement de la part d’une fondation Suisse. Mais leurs demandes de visa ont rencontré des obstacles. Le processus exigeait des preuves de stabilité financière, un critère injustement lié au privilège. Cela s’est avéré être une barrière majeure, les faisant se sentir davantage comme des suspects que comme des invités.

En raison de ces restrictions et exigences, les participants sud-africains sélectionnés n’ont pas pu participer à l’échange et se rendre en Suisse. Sur six participants, seuls deux ont obtenu leur visa. Baby, accompagnée de Shoki Abiguele Chuene, Keagen Jeron Gertse, et Massegow Gorgy Machwisa, ont vu leur demande refusée.

Ce refus n’a pas été qu’une déception personnelle : il était profondément injuste, soulignant combien il est difficile pour les jeunes issus de milieux moins favorisés du Sud global de participer à des événements internationaux dans le Nord global, quelle que soit leur qualification ou leur mérite. Plus douloureusement, le poids émotionnel a été lourd. Beaucoup de participants se sont sentis découragés, remettant en question leur valeur personnelle malgré le fait que le problème résidait dans le système, et non en eux.

Un paradoxe troublant

D’un côté, l’institution suisse Movetia offre un soutien financier et logistique pour des projets comme « Rise and Regenerate – Rite of Passage », promouvant les échanges interculturels et la coopération internationale. De l’autre, l’Ambassade de Suisse en Afrique du Sud empêche les jeunes de participer à des initiatives officiellement soutenues par les autorités suisses.

Dans ce cas précis, Movetia a entièrement financé notre projet d’échange international, même si quatre participants sud-africains n’ont pas pu y assister en raison du refus de leur visa.

Bien que nous soyons reconnaissants pour l’engagement de Movetia, il est difficile de comprendre pourquoi deux institutions du même pays, Movetia et l’ambassade suisse, ne parviennent pas à collaborer efficacement, sapant ainsi les objectifs mêmes que ces projets sont censés atteindre.

Leur absence a été ressentie

L’absence de Baby, Shoki, Keagen et Massegow a brisé le cœur de tous les participants à l’échange. Dès le premier jour, le groupe a tenu une cérémonie symbolique pour inclure ces jeunes en esprit et honorer leurs histoires. La résilience de Baby et l’espoir qu’elle portait pour sa communauté ont inspiré tous les présents.

Pour les rapprocher, les participants ont organisé une soirée dansante et ont invité les quatre jeunes à se joindre en ligne. Bien que cela ne puisse remplacer leur présence physique, c’était une manière de rappeler à tous qu’ils faisaient toujours partie de l’aventure.

Cependant, même participer en ligne n’a pas été une mince affaire, leurs communautés étant régulièrement confrontées à des coupures de courant, une réalité très présente et réelle dans de nombreuses régions d’Afrique. Cela est d’autant plus frustrant que le continent regorge de ressources naturelles nécessaires à la production d’énergie, mais beaucoup de ces ressources sont extraites et exportées pour profiter au Nord global, laissant les populations locales lutter pour satisfaire leurs besoins énergétiques de base.

Un appel au changement

L’échange « Rise and Regenerate » a montré à quel point les connexions globales peuvent être puissantes, mais il a également révélé à quel point le terrain reste inégal. Pour que des événements comme celui-ci atteignent pleinement leur objectif, les institutions et gouvernements doivent abandonner des processus de visa empreints d'arrogance et d'injustice, en concevant des systèmes qui reconnaissent le potentiel des individus au lieu de juger leur valeur sur la base de leur compte en banque. Il est temps de briser cette présomption systématique et humiliante selon laquelle venir d’un pays du Sud global signifie forcément vouloir demander asile dans un pays comme la Suisse.

En abaissant ces barrières, nous pouvons garantir que les jeunes activistes, quel que soit leur lieu d’origine, aient la chance de faire entendre leur voix et de grandir. Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir des portes, il s’agit de bâtir un monde de rencontres et de relations, où les opportunités sont réellement accessibles à tous. Des événements comme celui-ci prouvent ce qui est possible lorsque l’inclusion est au cœur de la collaboration à nous toustes de faire de cette vision une réalité.

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“La Conversation” Episode 3

Dans la suite du deuxième épisode, nous avons continué à partager des histoires d’intégration, d’incorporation. Et relevé encore une fois la nécessité – et la difficulté – de reprendre et se rappeler, encore et encore : intégrer ce qu’on a appris, découvert, n’est pas un processus qui serait à un moment abouté, achevé, mais bien plus un chemin qui continue, toujours.

S’il y a de la «médecine», elle ne peut être que collective. Partagée.

Pour cet épisode: Guido Albertelli

La Conversation : soutenir les processus individuels et explorer comment parler des rites de passage.

Avec Israh Goodall , Dartmoor, 2024. ©carine roth

Dans la suite du deuxième épisode, nous avons continué à partager des histoires d’intégration, d’incorporation. Et relevé encore une fois la nécessité – et la difficulté – de reprendre et se rappeler, encore et encore : intégrer ce qu’on a appris, découvert, n’est pas un processus qui serait à un moment abouté, achevé, mais bien plus un chemin qui continue, toujours.

(Un peu comme se brosser les dents : on n’imagine pas le faire une bonne fois pour toute, et en avoir fini – on reprend chaque jour...)

Nous avons commencé par nous laisser retourner en arrière, dans le temps, jusqu’à un moment particulier vécu dans une expérience de rite de passage dans la nature. Et nous avons pris le temps de regarder depuis là-bas celle ou celui que nous sommes aujourd’hui, et pour regarder le chemin. Le temps d’apprécier – les apprentissages, les changements -, et de remercier pour tout cela, et ce qui rend cela possible. Et le temps de refaire le chemin jusqu’à aujourd’hui ; et de regarder aujourd’hui à la lumière de ce petit voyage.

Et puis nous avons laissé résonner encore nos histoires d’intégration, les unes avec les autres. Le besoin que ce que je rapporte de nouveau soit reconnu,accepté – alors que le regard des autres me ramène toujours, souvent douloureusement, là où j’étais avant. Le besoin de pouvoir continuer à vivre avec ce qui est neuf, sans que ce soit renié. Notre aspiration à l’appartenance : un endroit, des personnes, auprès de qui retourner, où être accepté inconditionnellement. Le regard qui a changé, une expérience qui m’a ouvert les yeux ; et qui m’invite maintenant à marcher vers ce qui donne sens à ma vie ici. La confiance, aussi, nourrie par la traversée de la nuit, dehors, seule.

Aller dehors, écouter, ramener quelque chose – quelque chose de précieux, qui en vaut la peine. Et alors cette question : le garder ou le donner ? Ça pourrait ressembler à un sacrifice – mais comment garder pour moi quelque chose qui n’a en fin de compte sa valeur que si je le donne ? La grande douleur, ce ne serait pas d’avoir à donner ce que j’ai reçu. Ce serait de ne pas pouvoir recevoir ce que j’ai à donner.

S’il y a de la «médecine», elle ne peut être que collective. Partagée.

« Le but ultime de la quête, si l'on veut revenir, ne doit être ni la libération ni l'extase pour soi- même, mais la sagesse et le pouvoir de servir les autres.» (Joseph Campbell)

Rites d'alignement dans un nouveau monde global

Meredith Little

Transcription de l'intervention de Meredith Little lors de la conférence « Into the Wild », Allemagne, 2011.

On m'a demandé de parler de quelque chose qui me passionne beaucoup. Nous sommes tous conscients de l’ampleur des changements dans notre monde aujourd’hui. Nous ressentons tous la tension et le défi de savoir comment faire face à tant de nouvelles vérités qui nous parviennent. Nous sommes tous conscients, bien plus qu’il y a quarante ans, que ce qui se passe quelque part au loin a un impact direct sur nos vies. Et en tant qu'êtres humains, savoir comment trouver l'harmonie avec la nouvelle vérité de ce qui se passe dans notre monde est un grand défi.

 

Comment trouver l'alignement ? À bien des égards, l’alignement signifie trouver l’harmonie et se maintenir en équilibre avec quelque chose de nouveau. Nous avons toujours eu ce défi en tant qu'êtres humains, la nature a toujours eu ce défi. Comment la nature se renouvelle-t-elle après un incendie de forêt ? Comment la nature elle-même apprend-elle à trouver un équilibre dans un monde en constante évolution, de saison en saison, de l'été à l'automne, à l'hiver, au printemps, où ce qui se passe au cours d'une saison affecte la suivante.

 

Comment trouver l’harmonie dans une vie qui continue de grandir et de mûrir ? Un adolescent grandit jusqu’à l’âge adulte et dit ensuite : « Oh, maintenant, qui suis-je en tant qu’adulte ? Et peut-être qu’ils décident de devenir guide en pleine nature. Et dans cette décision, ils doivent grandir pour devenir un guide en pleine nature. L’enfance de guide en pleine nature, l’adolescence, l’âge adulte et il faut grandir à nouveau. Et j’ai l’impression que l’une des choses dont nous devons encore nous rappeler est que la nature et notre nature sont cycliques. Nous sommes constamment notre devenir.

 

Dans notre éducation moderne, nous avons cette idée que la vie est linéaire ; que nous naissons, nous vivons et nous mourons et c'est tout. Nous nous dirigeons d’une manière ou d’une autre vers un endroit qui est une fin, une perfection. Nous grandissons et nous savons ce qui est bien, ce qui est vrai. Autrefois, ils comprenaient que la vie ne fonctionne pas ainsi. Nous ne sommes pas ce que nous étions hier, nous ne sommes même pas ce que nous sommes aujourd'hui. Nous sommes notre devenir, nous devenons toujours quelque chose. Nous grandissons en nous-mêmes, encore et encore.

 

J'avais un ami qui s'appelait Derham Giuliani, décédé il y a un an. Il a étudié les insectes et le comportement animal. Derham était fasciné par le travail que Steven et moi faisions. Derham, plus que quiconque que je connais, a vécu dans la nature toute l'année. Il revenait très rarement dans sa petite chambre en ville. Il vivait dans la nature, étudiait le comportement animal et étudiait sa propre nature. Il regardait les gens venir chez nous et revenir après quatre jours de solo. Et une observation qu’il a faite en regardant notre peuple revenir de son temps en solo était : « Vous savez, la psychologie moderne est l’étude de l’animal en cage. Et quand on observe le comportement d’un animal en cage, il est très différent d’un animal dans son propre habitat, d’un animal sauvage. Son sentiment était que la psychologie moderne étudie ce qui se passe lorsque nous prenons la nature humaine et la mettons entre quatre murs. Il a vu qu'une partie importante de notre travail consistait à ramener les humains dans leur habitat naturel et à retourner à leur propre nature intérieure.

 

Une grande partie de notre monde moderne est construite en vivant dans notre cage. Les peuples autochtones qui vivaient en relation intime avec la terre et les saisons ont appris à être humains en observant et en faisant partie de la nature. Chaque manifestation de la nature, disaient-ils, était un morceau de vérité éternelle et nous enseignait comment être humain, comment être notre nature humaine. Les humains sont la nature, et nous grandissons et nous régulons de la même manière qu’un arbre pousse et se régule. Nous sommes la nature et plus nous apprenons et observons comment la nature grandit et devient elle-même au fil des saisons, plus nous apprenons sur la façon de continuer à grandir nous-mêmes. Les indices que nous captons lorsque nous sommes dans la nature sur notre humanité sont très sains. Ils enseignent beaucoup de choses sur la générosité, sur la coopération, sur ce qu'il faut faire après une catastrophe, sur les relations. Les indices sont des indices sains. Les indices que nous obtenons lorsque nous grandissons dans notre monde « civilisé » moderne sont souvent des indices dysfonctionnels qui ne sont pas d’une grande aide.

 

Ainsi, dans le travail que nous effectuons tous avec les jeunes et les adultes dans la nature, il y a une énorme mémoire sur notre propre nature. L’un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui pour nous adapter aux réalités complètement nouvelles de notre monde globalisé est notre tentative de séparer l’humain de la nature. Plus nous nous éloignons de la nature, moins nous sommes capables de nous adapter à ce qui se passe dans le monde qui nous entoure. Notre nature sait s’adapter, s’autoréguler, elle sait traiter les nouvelles données.

 

L'une des choses que les peuples autochtones savaient et que nous essayons d'oublier dans le monde d'aujourd'hui, c'est que nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe autour de nous. Nous n'avons pas le contrôle. Ils savaient qu’à tout moment une tempête pouvait déferler et menacer leur sécurité. Ils savaient qu'ils pouvaient glisser et tomber, être mordus par un serpent, attaqués par un ours sans accès à l'aide. Ils savaient que la mort était là à tout moment, une partie naturelle de la vie. Cette compréhension était extrêmement importante dans la façon dont ils comprenaient et établissaient des relations avec leur monde.

 

Dans notre monde d'aujourd'hui, nous avons ce désir de dire d'une manière ou d'une autre : « Je contrôle ce qui se passe. Je ne suis pas nature ! Je suis en quelque sorte plus grand que la nature et je peux la contrôler. Je peux mettre quatre murs autour de moi, je peux augmenter mon thermostat, je peux rester au chaud quand j'en ai besoin, même lorsqu'il fait très froid dehors. Et nous oublions que nous sommes toujours à la merci de ce qui se passe autour de nous.

 

La vie nous initie encore et encore, chaque jour, chaque année, au cours d'une vie, de petites initiations et de grandes initiations. Chaque fois que quelque chose nous arrive, nous sommes transformés. Quand quelque chose de grave nous arrive, que nous perdions un être cher ou que nous devenons parents pour la première fois, nous ne sommes plus jamais les mêmes. Si nous allons chez notre médecin et que celui-ci nous dit que nous souffrons d’une maladie potentiellement mortelle, nous ne serons plus jamais les mêmes. Voilà comment ça marche. Et nous essayons de prétendre que nous pouvons d’une manière ou d’une autre revenir à ce qu’il était plutôt que de nous transformer en un nouveau monde et d’acquérir les compétences nécessaires pour intégrer ce qui s’est passé et devenir plus grand que nous ne l’étions.

 

Mon sentiment est que l’une des choses que le monde naturel nous rappelle est que nous n’avons pas le contrôle et nous offre des leçons sur notre propre façon de nous adapter à ce qui se passe autour de nous. Notre nature sait changer. Notre nature sait mûrir et grandir, et s'adapter aux initiations qui nous arrivent à tout moment. Lorsque nous vivons dans l’illusion que nous sommes séparés de la nature, nous commençons à nous méfier de notre propre nature et à céder notre pouvoir à quelqu’un d’autre.

 

Nous nous tournons vers des gens que nous pensons « puissants » ou connus, ou bien ils se présentent comme étant très sages avec toutes les réponses à notre « bonheur » et donc nous allons vers eux et nous leur cédons notre pouvoir. Nous nous méfions et trahissons notre propre nature. Plus nous nous exposons à la nature extérieure et sommes émus et grandis par cette exposition, plus nous commençons à écouter notre propre nature.

 

Je vais parler des quatre boucliers de la nature humaine, qui ne sont qu'une représentation de quelque chose que l'on peut trouver dans toutes les cultures du monde. Steven et moi avons appris ce système particulier auprès d'un homme du nord de Cheyenne, Hyemeyosts Storm, mais il existe des systèmes similaires à 4 directions dans de nombreux autres enseignements indigènes. Cela n’est pas surprenant puisque l’enseignement vient de la terre et constitue une sagesse basée sur la terre.

 

Les qualités associées aux quatre directions sont également des aspects de notre nature humaine. Chez une personne (ou une plante ou un corbeau) relativement saine et équilibrée, nous avons accès à ces quatre qualités et aspects de notre nature. Si nous n’avons pas accès à ces quatre éléments, il devient difficile de nous réajuster, de nous réaligner et de mûrir face aux nouvelles données de notre vie au fur et à mesure de notre initiation. Nous pouvons rester coincés ou handicapés.

 

Un aspect de nous-mêmes est notre corps, ainsi que les instincts et les émotions réactives qui le traversent. Avoir accès à ces instincts et à un large éventail d’émotions est essentiel à notre sécurité et à la vie. Un autre aspect est notre psychisme et notre capacité à être conscient de nous-mêmes, au lieu de simplement réagir. Être capable de dire « je me sens en colère » ou « je me sens triste ». Nous commençons à définir nos valeurs et qui nous sommes uniques. Le troisième aspect est l'outil de notre esprit, la capacité d'écouter les informations provenant de tous les aspects de nous-mêmes, d'acquérir les compétences nécessaires et de prendre des décisions concernant notre vie pour vivre qui nous sommes du mieux que nous pouvons dans le monde.

 

Et le quatrième est cet aspect de nous-mêmes avec lequel nous sommes nés et qui aspire à toucher ce qui est invisible. Cet aspect qui apprend à ressentir notre place dans quelque chose qui est tellement plus grand que nous, ou que ce que nous pouvons comprendre rationnellement. Esprit, Dieu, Mystère ; trouver notre relation dans le grand mystère de la vie et de la mort. Et voici aussi la capacité de nous donner naissance à une nouvelle phase de notre vie.

 

Si nous n'avons pas ces quatre aspects vivants en nous, si nous n'avons pas les informations qui nous parviennent de ces quatre aspects de nous-mêmes, nous commençons à être handicapés dans notre capacité à grandir. Certains des messages que nous avons reçus au cours des dernières générations rendent plus difficile la participation au monde en évolution depuis notre intégralité.

 

L’un des messages a été que nos émotions sont dangereuses et qu’il est inapproprié de les exprimer. Nous avons essayé d'apaiser notre colère, notre chagrin, notre peur et même notre joie accablante. Et pourtant, dans le processus de croissance, la première chose vers laquelle nous allons naturellement est la réponse instinctive de notre corps à ce qui se passe. Peut-être que cela signifie « quelque chose de dangereux se passe là-bas, et cela me fait très peur ! Je suis en colère, j'ai peur et je me sens impuissant. Tant que nous n'aurons pas le courage de pouvoir nous asseoir et rester à cet endroit et de vivre ces émotions et notre désir d'être en vie et en sécurité, nous ne pouvons pas aller plus loin. Et en étant avec ces émotions, nous commençons à avancer dans le sens de la guérison et d’une action appropriée.

 

La prochaine phase est le défi de pouvoir intégrer ces émotions et réfléchir à la manière dont elles définissent qui nous sommes. Nous examinons nos valeurs et nos limites personnelles, nous devenons conscients de nous-mêmes et commençons à construire une histoire sur qui nous sommes et qui nous ne sommes pas. Cette définition de soi ne s'arrête pas et est constamment affinée et redéfinie par les expériences de notre vie. Nous devons constamment mourir à ce qui était et à la façon dont nous nous sommes définis, afin de pouvoir grandir dans ce que nous devenons. Apprendre l'art de la mort de l'ego. Cette honnêteté personnelle et cette « naissance » du nouveau peuvent être douloureuses.

 

Au cours des dernières générations, la mort physique est devenue un sujet tabou. Après avoir été témoins d’une guerre de masse dévastatrice, d’un génocide et de violences à l’échelle mondiale, les gens ont commencé à se fermer. Combien de fois vous asseyez-vous avec votre proche et parlez-vous de vos pensées sur la mort ? Combien de fois, lorsque des gens meurent physiquement, ont-ils des gens à qui parler de ce qui se passe ? Nous sommes motivés par la peur. Et de la même manière, en même temps, cela se reflète dans notre peur d'entrer à l'intérieur pour ressentir ce qui s'y trouve, et dans notre peur que la mort de l'ego nous détruise.

 

Peut-être avons-nous fait quelque chose qui nous semble mal ou avons-nous discuté du fait que nous n'avions pas bien fait. On rentre à l'intérieur et on dit « Oh mon Dieu, regarde ce que je viens de faire, j'ai blessé quelqu'un, je me sens tellement mal ». Être capable de faire cela est sain. Mais le message que nous avons souvent reçu de nos parents et de notre culture est que faire cela est dangereux, cela fera trop mal, et souffrir signifie que quelque chose ne va pas ou que nous ne pouvons pas survivre. Parfois, le message est que si nous avons fait quelque chose de « mauvais », alors nous sommes une mauvaise personne. Les erreurs ne sont pas acceptables. Nous rejetons donc la faute sur quelqu'un d'autre. Ou bien nous n'y allons tout simplement pas, vivant à la surface de notre vie. Et cela nous empêche d'accéder à la terre fertile de l'initiation et à notre devenir.

 

Ainsi, lorsque nous sommes confrontés aux énormes défis et à la connaissance de ce qui se passe dans notre monde global, et que nous avons le courage d'éprouver la peur, la colère et la profonde tristesse face à une grande partie de ce qui se passe, cela nous amène alors à une introspection et à des questions. comme « Oh mon Dieu, que puis-je faire ? Quelle est ma relation avec ce qui se passe ? Est-ce que j’aide ou est-ce que je souffre et ajoute aux problèmes ? Cette capacité à se sentir suffisamment en sécurité pour explorer ces questions douloureuses est absolument essentielle à notre croissance et pour parvenir à une certaine compréhension de notre prochaine action. Si nous ne pouvons pas faire cela, nous devenons engourdis et nous laissons les autres nous définir et nous sommes victimes des circonstances.

 

Un autre défi auquel nous sommes confrontés dans notre monde moderne est la rapidité avec laquelle cela va. Il y a une telle peur de s'arrêter et de réfléchir à ce qui se passe autour de nous. Le rythme de notre monde moderne est si rapide qu'il est presque tabou de prendre le temps d'entrer et de vérifier ce qui s'y murmure. Le message que nous recevons est que « ne rien faire » est improductif ; qu'il est utile d'être constamment occupé.

 

À l'ancienne, notre nature sait que ce dont nous avons besoin comme élément fondamental de notre vie, c'est du temps pour prendre du recul, nous taire, être à la place de la question et intégrer les nouveaux événements. « Qui suis-je maintenant que je connais cette nouvelle information ? Qui suis-je maintenant que j'ai vécu cette récente expérience déterminante ? » Nous avons besoin d’un moyen de prendre du recul par rapport à notre vie et d’être consciemment dans le terrain fertile du « ne pas savoir », d’où naît une nouvelle compréhension.

 

Bien sûr, c'est ce que nous proposons aux personnes que nous retirons, n'est-ce pas ? Cela fait partie de la magie du travail que nous partageons. Lorsque nous emmenons des gens dans la nature et surtout lorsque nous les emmenons seuls, ce qui se passe, c'est qu'ils ont la possibilité de s'arrêter. Et d’abord, ce qui remonte souvent à la surface, ce sont toutes ces émotions difficiles que nous avons refoulées. Ces sentiments qui n'ont pas eu le temps d'être entendus. Et sans personne ni rien d’autre pour nous distraire (sauf la beauté !), nous devons écouter. Et une fois que nous écoutons réellement et expérimentons les sentiments et les questions, la nouvelle compréhension ou action surgit naturellement.

 

Alors, que pouvons-nous apporter pour aider les gens à traverser les changements naturels de leur vie et le réalignement majeur actuel nécessaire dans notre monde d’aujourd’hui ? C’est la question que je ne cesse de poser : que pouvons-nous apporter, que signifie être guide ? Quels sont les éléments qui favorisent ce travail en profondeur ? Pour moi, les éléments les plus importants que je peux apporter sont des rites de passage significatifs, un témoignage sans jugement, une exposition à la nature ainsi que l'enseignement et les indices que la nature offre pour notre propre croissance.

 

Les défis du monde d’aujourd’hui nous obligent à remettre en question les choix que nous faisons dans notre vie personnelle, ainsi que dans notre vie familiale et communautaire. C'est assez important, mais nous sommes maintenant confrontés à la vérité : ce qui se passe à 5 000 milles de moi a également un impact direct sur ma vie. Comment puis-je m'adapter à ce concept époustouflant sans rester coincé dans un sentiment d'impuissance et

désespoir?

 

Les biologistes disent que nous sommes nés avec un « gène égoïste » dans notre ADN, et que c’est un gène qui s’est en fait avéré très utile. Il dit : « Je ferai n'importe quoi, je mentirai, tricherai et volerai pour sauver ma vie et celle de ma famille ». Aujourd’hui, nous devons soudainement reconnaître que notre intérêt personnel et notre survie dépendent de la santé du monde entier. Une réalité un peu accablante. Et je sais que peu importe combien je recycle et tente d'économiser l'énergie, cela ne sauvera pas le monde. Et pourtant, nous avons la capacité de rester fidèles à notre vérité et à notre intégrité du mieux que nous pouvons. Au lieu de « comment puis-je sauver le monde », nous devons nous demander : « Comment puis-je servir ? Comment puis-je me présenter aux gens ? Comment puis-je me présenter pour mes enfants ? Comment puis-je me présenter pour le terrain ? Et en cela, revendiquer notre propre humanité.

 

Comment pouvons-nous nous soutenir mutuellement pour grandir dans notre humanité et reconnaître qu’il ne s’agit pas d’atteindre une sorte de perfection, mais bien d’être complet ? Comment pouvons-nous nous entraider pour embrasser tout ce que nous pouvons être, l’obscurité et la lumière, les faillibles et les pieux. Nous grandissons à travers des moments difficiles et apprenons de nos erreurs. Lorsque notre ami souffre ou traverse une période de dépression, pouvons-nous marcher avec lui au lieu de nous détourner, pouvons-nous le soutenir en sachant qu'il n'y a rien de mal avec lui s'il traverse une période difficile, il n'y a rien à faire. réparer". La vie n'est pas une question de réparation. Nous ne pouvons pas résoudre la vie. Nous ne pouvons qu’y grandir, et nous ne pouvons que nous soutenir mutuellement pour y grandir avec notre propre authenticité unique.

 

Quelles sont certaines des choses qui soutiennent notre vitalité, notre plénitude et notre réalignement sur ce nouveau monde global ? Je suis convaincu que le travail que nous partageons pour amener les gens à la nature de manière significative contribue à guérir l’illusion selon laquelle nous sommes séparés de la nature. En soi, c’est énorme. Nous avons besoin des indices qu’offre la terre pour nous rappeler comment grandir selon notre propre nature. Nous devons nous exposer au froid et à la chaleur, à la pluie et aux tempêtes, au fait de nous allonger par terre ou de marcher la nuit. Ces choses élargissent notre estime de soi et notre sens de la relation avec la terre et toute la vie. Nous ressentons à quel point nous sommes des animaux et influencés par les mêmes cycles et vents que toutes les autres créatures.

 

Plus nous apprenons à faire confiance à la nature extérieure à nous-mêmes et à observer le modèle qu’elle offre pour notre propre vie et notre mort, plus nous commençons à faire confiance à notre propre nature et à l’écouter également, plutôt que de chercher les réponses à l’extérieur de nous-mêmes.

 

Une autre façon de nous soutenir mutuellement est de sortir de cette façon moderne de penser selon laquelle la vie est une question de réparation et de résolution, et de reconnaître que la vie est une question de devenir. Nous devenons toujours. Et si nous pouvons marcher ensemble, nous écouter et nous donner les moyens de trouver notre propre chemin à travers ces moments où nous mourons à ce qui ne fonctionne pas et travaillons à donner naissance à une nouvelle identité élargie et à la découverte de soi, nous offrons un énorme cadeau. .

 

Les communautés autochtones ont reconnu qu’en période de changement, une certaine énergie chaotique surgit. S’il n’y a pas d’anciens pour aider à retenir, guider et observer les gens qui passent et sortent de l’autre côté, cette énergie s’échapperait de manière dangereuse et pourrait nuire à l’individu et être dangereuse pour la communauté.

 

Dans notre monde d’aujourd’hui, il existe peu de conseils. Où sont les anciens ? Où sont les guides ? Nous traversons des temps dangereux, des changements radicaux dans la pensée et la conscience se produisent, nous avons besoin de soutien pour trouver notre nouvelle place par rapport aux changements massifs des faits et de la conscience. Plutôt que de nombreux « experts » nous disent comment être et agir maintenant, nous avons soif d’aide pour trouver notre propre chemin vers un nouveau paradigme plus sain. Nous avons besoin les uns des autres pour être témoins de l’évolution de notre histoire, et nous avons besoin de moyens significatifs, à des moments appropriés, pour marquer officiellement l’entrée dans une nouvelle phase de vie et de maturation.

 

Il faut beaucoup de temps pour que notre ADN mute. Mais l’un des dons de l’être humain est que nous avons la capacité de réfléchir sur nous-mêmes, de prendre constamment conscience de l’évolution de nos valeurs et de ce qui est important pour nous. Nous sommes des animaux éthiques. Incroyable! Nous avons le sentiment de ce qui nous semble bien et de ce qui ne nous semble pas bien. Nous avons la capacité de nous sentir coupables et honteux. Être submergé par la culpabilité et la honte peut nous paralyser, mais la culpabilité et la honte en elles-mêmes ne sont pas mauvaises. Ils sont en fait un espoir. Que si nous passons du temps à rentrer à l'intérieur et à examiner notre relation avec ce qui se passe autour de nous, pour sentir à quel point nous faisons partie du problème, nous avons la capacité de changer nos valeurs et nos actions. Cela peut se produire beaucoup plus rapidement que de changer notre ADN. Mais cela demande beaucoup de travail dur, sombre et souvent pénible.

 

Une autre qualité que nous avons en tant qu’êtres humains est que nous pouvons changer d’avis. On voit que ce qui fonctionnait il y a cinq ans ne fonctionne plus. Ce que nous pensions être vrai, et faire des choix basés sur cela, s’est révélé maintenant incomplet. Nous devons changer d'avis. Nous avons besoin les uns des autres pour mettre en avant ces échanges difficiles qui remettent en question nos hypothèses. Nous devons tendre la main et reconnaître que l’une des choses les plus importantes que nous puissions faire est de créer de bonnes relations. Cela ne signifie pas seulement avec les enfants, pas seulement avec nos communautés, mais également avec de bonnes relations avec les gens du monde entier. Cela signifie reconnaître la vérité biologique naturelle selon laquelle il n’y a pas de vie sans diversité. Tant que nous n’apprendrons pas à entretenir de bonnes relations et à écouter véritablement les gens d’âges, de valeurs, de modes de vie, de croyances et de cultures différents, notre histoire d’un monde global en évolution sera incomplète.

 

Et donc je tiens à vous remercier tous. Je sais que je m'adresse à un groupe de personnes qui savent de quoi je parle, qui font déjà ce travail, font leur propre travail personnel, aidant les autres à faire leur travail. Je ressens simplement beaucoup de gratitude parce que je ne suis pas seul, que vous n'êtes pas seul et que nous pouvons continuer à parler de ce que signifie guider les gens à travers les changements dans leur vie. Et ce faisant, nous commençons à entendre la nouvelle histoire qui émerge dans notre monde d’aujourd’hui. Nous ne sauverons peut-être pas le monde, mais cela fera du bien d’être humains ensemble. Ce sera une source d’inspiration d’être aux côtés d’autres personnes qui restent fidèles à leur vraie nature et qui ont le courage de se lever pour relever les défis de notre époque.

Transcribed from Meredith Little’s talk at the “Into the Wild Conference”, Eastern Germany, 2011

I’ve been asked to speak about something I feel very passionate about. All of us are aware of how much is changing in our world today. All of us are feeling the tension and the challenge of how to stand up with so many new truths that are coming to us. All of us are aware, so much more aware than we were forty years ago, that what is happening somewhere far away in distance directly impacts our lives. And as human beings to know how to find harmony with the new truth of what’s happening in our world is a big challenge.

 

How to find alignment? In many ways alignment means to find harmony with and to stand in balance with, something that’s new. Always we have had this challenge as human beings, always nature has had this challenge. How does nature find renewal after a wildfire?  How does nature itself learn how to find balance in a world that is always changing, from season to season, from summer to fall, to winter, to spring, with what happens in one season affecting the next.

 

How do we find harmony in a life that continues to grow and mature?  An adolescent grows into adulthood and then says “Oh, now, who am I as an adult?” And maybe they decide to become a wilderness guide. And in that decision they must grow up into becoming a wilderness guide. The childhood of being a wilderness guide, the adolescence, the adulthood, and we have to grow up again. And I feel like one of the things that we must remember again is that nature and our nature is cyclical. We are constantly our becomingness.

 

In our modern upbringing we have this idea that life is linear; that we are born, we live, and we die and that’s it. We somehow move towards some place that is an end, a perfection. We grow up and then we know what’s right, what’s true. In the old way they understood that life doesn’t work that way.  We are not what we were yesterday, we are not even what we are today. We are our becomingness, we are always becoming something. We are growing into ourselves, over and over and over again.

 

I had a friend whose name was Derham Giuliani, who died a year ago. He studied insects and animal behavior.  Derham was fascinated by the work Steven and I were doing. Derham, more than anyone that I know, lived in nature the whole year. Very rarely did he come back to his little room in town. He lived in nature and he studied animal behavior and he studied his own nature.  He would watch people come to us and return after their four-day solo. And one observation that he had watching our people return from their solo time was “You know, modern psychology is the study of the caged animal. And when you watch the behavior of a caged animal, it is very different from an animal in its own habitat, an animal in the wild.” His feeling was that modern psychology studies what happens when we take human nature and put it into four walls. He saw that an important part of our work was returning humans to their natural habitat, and returning to their own inner nature.

 

Much of our modern world is constructed out of living in our cage. Indigenous people who lived in intimate relationship with the land and the seasons, learned about being human by watching and being a part of nature. Every manifestation of nature, they said, was a piece of eternal truth and taught us how to be human, how to be our human nature. Humans are nature, and we grow and regulate in the same way that a tree grows and regulates. We are nature and the more we learn and observe how nature grows and becomes itself moving through the seasons, the more we learn about how to be continue to grow ourselves. The clues that we pick up when we are out in nature about being human are very healthy. They teach a lot about generosity, about cooperation, about what to do after there’s been a disaster, about relationships. The clues are healthy clues. The clues that we get when we grow up in our modern “civilized” world are often dysfunctional clues that aren’t much help.

 

And so in the work that all of us are doing with young people and adults in nature, there is an enormous remembering about our own nature. One of the biggest challenges that we have today in adjusting to completely new realities in our global world, is our attempt to separate human from nature.   The more we separate ourselves from nature the less we are able to adapt to what’s happening in the world around us. Our nature knows how to adapt, to self-regulate, it knows how to process new givens.

 

One of the things that indigenous people knew, that in today’s world we try to forget, is that we cannot control what happens around us.  We are not in control.  They knew that at any moment a storm might sweep through to threaten their safety. They knew that they could slip and fall, be bitten by a snake, attacked by bear with no access to help.  They knew that death was here at any moment, a natural part of life. This understanding was hugely important in how they understood and found relationship with their world.

 

In our world today we have this desire to somehow say “I’m in control of what’s happening. I’m not nature! I’m somehow bigger than nature and I can control it. I can put four walls around me, I can turn my thermostat up, I can stay warm when I need to even when it’s very cold outside.” And we forget that we are always at the mercy of what’s happening around us.

 

Life is initiating us over and over and over again, every day, every year, in a lifetime, small initiations and big initiations. Every time something happens to us we are changed. When something big happens to us, maybe we lose a loved one or we become parents for the first time, we are never the same again. If we go to our doctor and the doctor says we have a life threatening illness, we will never be the same again. This is how it works. And we try to pretend that somehow we can go back to how it was rather than turn into the new world and learn the skills of integrating what has happened and grow bigger than we were.

 

My feeling is that one of the things the natural world reminds us is that we are not in control, and offers lessons about our own way of adjusting to what happens around us. Our nature knows how to change. Our nature knows how to mature and to grow, and to adapt to the initiations that are happening to us all the time. When we live in the illusion that we are separate from nature we begin to mistrust our own nature and give our power away to someone else.

 

We go to people who we think are “powerful” or well-known, or they advertise themselves as being very wise with all the answers for our “happiness” and so we go to them and we give our power away. We mistrust and betray our own nature. The more we expose ourselves to nature outside, and are moved and grown by just that exposure, the more we begin to listen to our own nature.

 

I’m going to be speaking about the four shields of human nature, which is only one representation of something that can be found pan-culturally around the world.  Steven and I learned this particular system from a northern Cheyenne man, Hyemeyosts Storm, yet there are similar 4 directions systems in many other indigenous teachings.  This is not surprising as the teaching came from the land, and is an earth-based wisdom.

 

The qualities associated with the four directions are also aspects of our human nature.  In a relatively healthy and balanced person (or plant or raven) we have access to all four of these qualities and aspects of our nature. If we do not have access to all four, it begins to be challenging to readjust, realign and mature into the new givens in our life as we are being initiated.  We can become stuck or handicapped.

 

One aspect of our selves is our body, and the instincts and reactive emotions that come through our body. Having access to these instincts and wide range of emotions is essential to our safety, and to processing life.  Another aspect is our psyche and the ability to be self-conscious, instead of just reacting. To be able to say “I’m feeling angry”, or “I’m feeling sad”.  We begin to define our values and who we are uniquely.  The third aspect is the tool of our mind, the ability to listen to the information coming from all aspects of ourselves, to learn necessary skills, and to make decisions about our life to live who we are as best we can in the world.

 

And the fourth is that aspect of ourselves that we are born with that yearns to touch what is invisible. That aspect that learns how to feel our place in something that is so much bigger than we are, or than we can rationally understand.  Spirit, God, Mystery; finding our relationship within the great mystery of life and death. And here also is the ability to birth ourselves into a new phase of our life.

 

If we don’t have all four of these alive within us, if we don’t have the information that is coming to us from these four aspects of ourselves, we begin to be handicapped in our ability to grow. Some of the messages that we have gotten in the last generations make it more difficult to engage with the changing world from our wholeness.

 

One message has been that our emotions are dangerous, and it is inappropriate to express them.  We’ve tried to numb out our anger, grief, fear, even overwhelming joy.  And yet in the process of growth, the first place we naturally go is our body’s instinctual response to what’s happening.  Perhaps it’s saying “something dangerous is happening out there, and it scares the hell out of me! I’m angry, and I’m afraid, and I feel helpless.” Until we have the courage to be able to sit and stay in that place and experience these emotions and our yearning to be alive and safe, we can’t go any further.  And by being with these emotions, we begin to move in the direction of healing and appropriate action.

 

The next phase is the challenge of being able to take those emotions inside and reflect on how they define who we are.  We look at our values and personal limitations, we become self-consciousness and begin to build a story of who we are and who we are not.  This self-defining doesn’t end, and is constantly being refined and redefined by the experiences of our life.  We constantly need to die to what was and how we defined ourselves, so we can get bigger into what we are becoming.   Learning the art of ego death.  This self-honesty and “birthing” of the new, can be painful.

 

In the last generations physical death has become a taboo to talk about.  After witnessing devastating mass war, genocide, and violence on a world scale, people began to shut down.   How many times do you sit with your loved one and talk about your thoughts about death? How many times when people are physically dying, do they have people to talk to about what’s going on? We’re fear driven. And in the same way, at the same time, that’s reflected in our fear of going inside to feel what is there, and fear that ego death will destroy us.

 

Perhaps we’ve done something we feel is wrong, or had an argument that we didn’t do well. We go inside and say “Oh my god, look what I just did, I hurt someone, I feel so badly”. To be able to do this is healthy. But the message we’ve often gotten from our parents and our culture is that to do this is dangerous, it will hurt too much, and hurting means something is wrong or something we cannot survive.  Sometimes the message is that if we’ve done something “bad”, then we are a bad person.  Mistakes are not acceptable.  So we blame it on someone else.  Or we just don’t go there, living on the surface of our life.  And it stops us from the fertile land of initiation into our becomingness.

 

So, when we’re given the huge challenges and knowledge of what’s happening in our global world, and we have the courage to experience the fear and anger and deep sadness about much of what’s happening, it then moves us into self-reflection and questions like “Oh my god, what can I do?  What’s my relationship to what’s happening? Am I helping or am I hurting and adding to the problems?” That ability to feel enough safety to explore these painful questions, is absolutely essential to our growth and to reaching some understanding about our next action. If we can’t do that, we go numb, and we walk around letting other people define us, and we being victims of circumstance.

 

Another challenge we that have in our modern world is how fast it’s going. There is such a fear of stopping and reflecting on what’s happening around us. The pace of our modern world is so fast that it’s almost a taboo to take the time out to go inside and check out what’s whispering there.  The message that we get is that doing “nothing” is unproductive; that there is value in constantly being busy.

 

In the old way, our nature knows that what we need as a fundamental part of our life is the time to step back, be quiet, be in the place of the question, and integrate the new happenings. “Who am I now that I know this new information? Who am I now that I’ve had this recent defining experience?”  We need a way to step back from our life and consciously be in the fertile ground of “not knowing”, out of which arises new understanding.

 

Of course, this is what we offer to the people that we take out, yeah?  This is part of the magic of the work that we share.  When we take people out in nature and especially when we take people out on solo time, what happens is that they get that chance to stop. And first what often rises to the surface are all those difficult emotions that we have been pushing down.  These feelings that haven’t been given the time to be heard.  And with no one or nothing else around to distract us (except beauty!), we have to listen.  And once we really listen and experience the feelings and the questions, the new understanding or action arises naturally.

 

So, what is it that we can bring that supports people to move through the natural changes of their life, and the current major realignment needed in our world today? This is the question that I never stop asking  – what can we bring, what does it mean to be a guide?  What are the elements that foster this deep work?  For me some of the more important elements that I can bring are meaningful rites of passage, non-judgmental witnessing, exposure to nature and the teaching and clues that nature offers for our own growth.

 

The challenges in the world today asks for us to question the choices we make in our own personal lives, as well as in our family and community life.  These are big enough, but now we are confronted with the truth that what happens 5000 miles away from me, impacts my life directly as well.  How do I adjust to that mind-blowing concept without getting stuck in the feelings of helplessness and

despair?

 

Biologists say that we are born with a “selfish gene” in our DNA, and it is a gene that has actually been very helpful.  It says “I will do anything, I will lie, cheat and steal in order to save my life and my family’s life”.  Today, we must suddenly acknowledge that our self-interest and survival depends on the health of the whole global world.  A bit of an overwhelming reality.  And I know that no matter how much I recycle and attempt to conserve energy it’s not going to save the world. And yet we do have the ability to stand in our truth and integrity as best we can.  Instead of “how can I save the world”, we must ask “How can I serve? How can I show up for the people? How can I show up for my children?  How can I show up for the land?” And in that, claiming our own humanness.

 

How can we support each other to grow into our humanness, and to recognize that it is not about reaching some kind of perfection, but it’s about wholeness? How do we help each other embrace all that we can be, the dark and the light, the fallible and the godly. We are grown through difficult times, and learn from making mistakes.  When our friend is hurting, or going through a time of depression, can we walk with them instead of turning away, can we support them knowing that there is nothing wrong with them if they are going through a hard time, there is nothing to “fix”.  Life is not about fixing.  We can’t solve life. We can only grow into it, and we can only support each other to grow into it with our own unique authenticity.

 

What are some of the things that support our vitality, wholeness and realignment to this new global world?  I feel strongly that the work we share of bringing people into nature in meaningful ways is helping to heal the illusion that we are separate from nature.  This in and of itself is huge.  We need the clues that the land offers to remember how to grow into our own nature.  We need to expose ourselves to the cold and heat, rain and storms, the act of lying on the ground or walking in the night.  These things expand our sense of self, and our sense of relationship with the land and all of life.  We feel how we are animal and influenced by the same cycles and winds as all other creatures.

 

The more we learn to trust nature outside of ourselves, and to watch the modeling it offers for our own living and dying, the more we begin to trust our own nature and listen to it as well, rather than looking outside ourselves for the answers.

 

Another way we can support each other is to get out of this modern way of thinking that life is about fixing and solving, and recognize that life is about becoming. We are always becoming. And if we can walk with, listen to, and empower each other to find our own way through these times of dying to what doesn’t work, and laboring to birth the new expanded identity and self-discovery, we are offering a huge gift.

 

Indigenous communities recognized that during times of change there is a certain chaotic energy that comes up.  If there are no elders to help hold, guide and witness the people coming through and out the other side, this energy would leak out in dangerous ways and could hurt the individual and be dangerous for the community.

 

In our world today there is little guidance. Where are the elders? Where are the guides?  We are going through dangerous times, radical shifts in thought and awareness are happening, we need support in finding our new place in relationship to the massive changes of fact and awareness.  Rather than a lot of “experts” telling us how to be and act now, we hunger for assistance in finding our own way through to a healthier new paradigm.   We need each other to witness our evolving story, and we need meaningful ways at appropriate times to formally mark stepping into a new phase of life and maturation.

 

It takes a long time for our DNA to mutate. But one of the gifts of being human is that we have the ability to be self-reflective, becoming aware again and again of our evolving values and what is important to us.  We are ethical animals. Amazing! We have the sense of what feels right and what does not feel right. We have the ability to feel guilty and ashamed. To be overwhelmed by guilt and shame can paralyze us, but guilt and shame in and of themselves are not bad. They’re actually a hope. That if we spend time going inside and looking at our relationship with what’s happening around us, to feel how we are part of the problem, we have the ability to change our values and our actions. This can happen a lot faster than changing our DNA. But it takes a lot of hard, dark, and often painful work.

 

Another quality that we have as humans is that we can change our mind. We can see that what worked five years ago doesn’t work anymore. What we had been assuming was true, and making choices based on that, were now shown as incomplete.  We must change our mind.  We need each other to put forth these hard interchanges that challenge our assumptions. We need to reach out and recognize that one of the most important things we can do is to create good relationships. That means not just with the children, not only with our communities, but it means good relationships with people around the world. It means recognizing the natural biological truth that there is no life without diversity. Until we learn to have good relationships and to truly listen to people who are of different ages, values, lifestyles, faiths, cultures, our story of the evolving global world will be incomplete.

 

And so I want to thank all of you. I know I’m speaking to a group of people who know what I’m talking about, who are already doing this work, doing their own personal work, supporting others to do their work. I just feel a lot of gratitude that I’m not alone, you’re not alone, and that we can keep talking about what it means to guide people through changes in their life.  And as we do we begin to hear the new story that’s emerging in our world today.  We may not save the world, but it will feel good to be human together.  It will be inspiring to be with others who stand in their true nature and have the courage to show up for the challenges of our time.

Meredith Little (she/her) and her husband Steven Foster co-founded Rites of Passage Inc. in 1976 and The School of Lost Borders in 1981, pioneering new methods and dynamics of modern pan-cultural passage rites in the wilderness and creating innovative practices of “field eco-therapy.” She has dedicated her life to returning meaningful and culturally appropriate rites of passage ceremonies to all people in support of the natural cycles of living and dying necessary for healthy lives and a healthy world. She is also dedicated to reconnecting people with the very roots of their own nature reflected in the wisdom of the land around them. She lives a passion for the diversity of life, for the nature of human, for the voice of ceremony, and for the healing qualities of community. Since Steven’s death in 2003, Meredith continues both nationally and internationally to guide and train others.

She has also co-founded along with Scott Eberle a new branch of Lost Borders, entitled The Practice of Living and Dying, to help break the taboos and silence that pervade the subject of death and to help restore dying to its natural place in the cycles of life.

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Guido Albertelli Guido Albertelli

“La Conversation” Episode 2

Les visions de ces rites de passage sont souvent très tangibles - plutôt que surnaturelles - et le véritable pouvoir des visions vient de leur mise en œuvre par le participant une fois que la quête de vision est terminée et qu'il est retourné à sa vie normale.

Pour cet épisode: Guido Albertelli

La Conversation : soutenir les processus individuels et explorer comment parler des rites de passage.

©carine roth

21 octobre 2024

«Je veux libérer ma ferveur»

Le premier épisode de la conversation était consacré à l’intention. Le deuxième (et ce sera aussi le cas du troisième) est revenu sur l’intégration, l’incorporation.

C’est sans doute la partie la plus difficile de la cérémonie : comment ramener la vision, la médecine ? Comment manifester cela ? C’est «quelque chose» qu’on a à être – comment se rendre disponible pour cela ? La cérémonie pourrait être vue comme une sage-femme (c’est d’ailleurs cette fonction que Steven Foster attribue aux guides – voir l’extrait ci-dessous) : elle accompagne la naissance de quelque chose, qu’il s’agit alors de faire vivre.


Nous avons commencé en écoutant ces mots:


Je crois à tout l’inexprimé.

Je veux libérer ma ferveur.

Ce que personne n’a risqué

me deviendra involontaire.


Pardonne-moi, mon Dieu, si je suis téméraire.

Mais toutefois je veux te dire :

Ma force la meilleure sera comme un instinct,

sans colère et sans crainte ;

ainsi les enfants t’aiment.


Avec le flux, et cette bouche

dans l’ample bras au cœur de l’océan ouvert,

et le retour du flot multiplié,

je veux te reconnaître et veux te publier

comme personne ne le fit.


(R. M. Rilke, Le livre d’heures)


Puis nous avons fait tourner dans le cercle cette question des difficultés du retour, pour voir aussi ce qui a pu servir, soutenir.

Plusieurs fois est revenue la difficulté de dire quelque chose de clair. Et il a été question de séparer l’aspect «technique», concret, du solo, dont il est possible de dire quelques mots, et un aspect plus profond, plus difficile à partager, avec la frustration que cela engendre. Une voix a évoqué comment une ancienne version de soi avait été laissée «là-bas», pour pouvoir maintenant rester avec du neuf – et rencontrer, au retour, le sentiment de ne jamais pouvoir être vraiment comprise, la solitude et la colère contre le monde, l’impression d’être à contre-courant de tout. Et d’autre part, aussi, la nécessité de ce temps d’intégration solitaire, le temps que ça s’infuse et diffuse dans le reste de la vie, malgré l’immense envie, l’urgence, de parler, de partager tout de suite.

Et de nombreuses possibilités de soutien ont émergé aussi : revenir chez soi à l’intérieur, faire du feu, méditer, rire, cultiver le goût du moment présent. Nourrir cet espace en créant quelque chose, pour l’offrir aux autres ; récolter, et faire quelque chose en retour. Entretenir le feu intérieur en retrouvant la témérité de sortir de ce qu’on connaît. Et puis, beaucoup, l’importance de pouvoir se retrouver en cercle, parler, raconter, comme un rappel, trouver l’écho de sa propre histoire dans les histoires des autres. Réaliser qu’il y a une forme d’universalité. Créer comme une chambre d’échos où les expériences et les histoires puissent danser les unes avec les autres.


Pour conclure, malgré les difficultés, que «c’est toujours là, on n’oublie pas».


Et nous avons terminé en évoquant, rassemblant, des pratiques concrètes d’intégration, selon les différentes directions de la roue. Les pratiques du Sud, qui s’appuient sur le corps, les sensations ; celles de l’Ouest, de l’intériorité, en honorant les doutes et les questionnements ; celles du Nord, de la connexion avec les autres, de l’entraide et des choses concrètes ; et enfin celles de l’Est, qui célèbrent le mystère…


La prochaine rencontre poursuivra l’exploration de cette aventure de l’incorporation de la vision, de ce qui permet qu’elle ne devienne pas une simple hallucination.


Mettre en œuvre la vision

Steven Foster, traduit par Guido Albertelli

En général, la participante revient avec les yeux brillants. Elle est allée à la Rivière Sacrée et a vu ce qu'elle a vu. Son être frémit des révélations de l'aube. Elle peut remplir les oreilles d'un Raton laveur d'histoires incroyables : « Un aigle s'est posé dans mon cercle d'intention. » « J'ai vu des lumières bleues et senti des présences mystiques. » « Un coyote est venu me parler. « J'ai eu une grande vision d'un monde en paix. « J'ai rêvé de chevaux arc-en-ciel qui dansaient en cercle autour de moi. » Et puis, il y a ces quelques personnes qui reviennent abattues, affirmant avoir été ignorées par la faveur divine : « Il ne s'est rien passé ». « Dieu ne m'a pas parlé. « Je n'ai pas eu de rencontres significatives avec des animaux. « Je me suis endormi dans mon cercle d'intention et j'ai manqué la révélation. « Je n'ai pas reçu de nom de médecine. » « Je ne sais toujours pas ce que je vais faire de ma vie.

Nombreux sont ceux qui font l'expérience - ou prétendent ne pas faire l'expérience - d'une « vision ». Rares sont ceux qui font autre chose que d'en parler. Des mots, des mots. Quel pouvoir ont-ils, en dehors de la pratique réelle de la vision ? Il y a beaucoup de parleurs, moins d'acteurs. Et que dire de ceux qui prétendent souffrir d'un manque de vision, mais qui s'impliquent quotidiennement dans un travail visionnaire ? Il est clair que la vision n'est pas seulement une chose dont on parle. La vision n'est pas seulement quelque chose que l'on prétend avoir ou ne pas avoir.

Plutôt que de définir la « vision » de manière étroite, on pourrait l'associer à l'action et à la mise en œuvre, signes de l'impact de la vision sur l'esprit et le cœur des autres. Le prophète de l'Ancien Testament avait prévenu : « Sans vision, le peuple périra ». La vision dont il parlait n'avait pas grand-chose à voir avec des objets de médecine hallucinants, des fantasmes ou des fantaisies, ni avec les illuminations mystiques de l'ermite qui a laissé le monde derrière lui. Le prophète parlait du genre de vision qui renforce les muscles du corps et de l'esprit par la tension de la volonté, jour après jour après jour. Il ne parlait pas d'intermèdes de pyrotechnie suprasensorielle. La vision est ce qui ne disparaît jamais, quels que soient nos efforts pour la fuir ou l'oublier. C'est une conviction personnelle en action. C'est le sens de la mission en cours d'accomplissement. C'est un mythe qui se réalise par le travail. C'est mettre en pratique ce que ce que nous prêchons.


Implementing the vision

by Steven Foster

Usually, the candidate returns with eyes aglow. She has been to the Sacred River and has seen what she has seen. Her being quivers with the revelations of dawn. She may fill a Raccoon's ears with incredible tales : «An eagle landed in my purpose circle.» «I saw blue lights and felt mystical presences.» «A coyote came up and talked to me.» «I had a great vision of the world at peace.» «I dreamed of rainbow horses dancing in a circle around me.» Then there are those few who return crestfallen, alleging to have been ignored by divine favor: «Nothing happened.» «God didn't talk to me.» «I didn't have any significant encounters with animals.» «I fell asleep in my purpose circle and missed the revelation.» «I didn't get a medicine name.» «I still don't know what I'm going to do with my life.»

Many experience - or claim not to experience - «vision.» There are few who do anything but talk about it. Words, words. What power have they, apart from the actual practice of the vision? There are plenty of talkers, fewer doers. And what about those who claim to suffer from lack of vision, yet who are daily involved in visionary work? Clearly, vision is not just something one talks about. Vision is not just something one claims to have or not to have.

Rather than defining «vision» narrowly, one might instead associate «vision» with action and implementation, signs of the vision's impact on the minds and hearts of others. «Without vision the people will perish!» warned the Old Testament prophet. The vision he referred to had little to do with trippy medicine objects or phantasms or fancies, nor was he describing the mystical illuminations of the hermit who has left the world behind. The prophet was speaking of the kind of vision that empowers the muscles of the body and mind with the tension of will, day after day after day. He was not discussing interludes of suprasensa-tional pyrotechnics. Vision is what never goes away, no matter how hard we try to run from it or forget. It is personal conviction in action. It is a sense of mission in the process of being accom-plished. It is myth realized through work. It is practicing what we preach.


(Steven Foster, Meredith Little, The roaring of the Sacred River, p. 169-170. Traduction française: Guido Albertelli)


En Savoir plus sur Steven

Steven Foster est le fondateur avec Meredith Little de The School of Lost Borders.

Les guides de notre association ont tous été formés dans cette culture et selon cette lignée.

« The lecturers discus the role of the wilderness guide in these stages, defining them as midwives who assist the vision quest participants to give birth to themselves. A training process that the guides use called 'mirroring' is described, (…) that focuses on the positive aspect of the stories rather than the problems. This theraputic process is based on 'The Four Shields', a world view based on the four seasons correlating with a period of life. Summer and Fall are described as childhood and initiation, Winter and Spring as adulthood and rebirth. The vision of these rites of passage are often very tangible rather than supernatural and the true power of the visions come from their enactment by the participant after the vision quest is over and they have returned to their regular lives. »

Steven Foster, 1996 - in “Wilderness Vision Questing and the Four Shields of Human Nature”

 

Steven Foster dans l’introduction à une conférence à l’université d’Idaho en 1996 :

Les conférenciers discutent du rôle des guides de pleine nature dans ces étapes, les définissant comme des sages-femmes qui aident les participants à la quête de vision à accoucher d'eux-mêmes. Ils décrivent un processus de formation utilisé par les guides, appelé « mirroring », (...) qui met l'accent sur l'aspect positif des histoires plutôt que sur les problèmes. Ce processus thérapeutique est basé sur « Les quatre directions » (Four Shields), une vision du monde fondée sur les quatre saisons en corrélation avec une période de la vie. L'été et l'automne sont décrits comme l'enfance et l'initiation, l'hiver et le printemps comme l'âge adulte et la renaissance. Les visions de ces rites de passage sont souvent très tangibles plutôt que surnaturelles et le véritable pouvoir des visions vient de leur mise en œuvre par le participant une fois que la quête de vision est terminée et qu'il est retourné à sa vie normale.

Les livres de Steven et Meredith, ainsi que d’autres auteurs importants de ce mouvement des Rites de Passage modernes, se trouvent sur le site de Lost Border Press, maison d’édition fondée par Meredith et Steven et aujourd’hui encore gérée par elle et sa fille.

N’hésitez pas à vous adresser à nous pour commander des livres en passant des commandes groupées.

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Guido Albertelli Guido Albertelli

“La Conversation” Episode 1

...la suggestion que le rite de passage pourrait être quelque chose qui te permet de renouer le fil de l’histoire qui te porte, de distinguer, ou retrouver, le fil de la vie, ce qui te tient, ce à quoi tu tiens – et qui serait la nature profonde de l’intention. De là, une question pourrait être : comment cette histoire apparaît-elle à la lumière de ce que tu as expérimenté ? Comment ce qui s’est passé l’éclaire ? – «Comment vois-tu ton intention à la lumière de l’expérience et de ce qui vient après ?» Ce qui suggérait la possibilité d’écrire une «lettre d’intégration», à partager ou non – comme on demande, au départ, une «lettre d’intention».

Pour cet épisode: Guido Albertelli

La Conversation : soutenir les processus individuels et explorer comment parler des rites de passage.

©carine roth

9 septembre 2024

Après avoir pris le temps d’atterrir, de laisser se former et s’ouvrir le cercle, où les voix puissent être écoutées, une première question a fait un tour : «qu’est-ce qui te fait venir ?» Et nous avons entendu le manque de ne pas avoir eu une rencontre après la quête ; le besoin de refaire le point ; de retrouver des personnes qui ont vécu ces expériences. Nous avons entendu la difficulté de garder la connexion avec l’environnement et avec soi-même, «cet espace où je me suis senti bien». Nous avons entendu comme un besoin de témoigner, plusieurs années après, d’une expérience aussi incroyable que «franchir les limites de moi-même – un passage. Et nous avons entendu enfin qu’il était difficile de dire ce qu’on a vécu, de raconter, sans entrer dans l’intime (ce dont on n’a pas forcément envie!).


Il y a eu ensuite la suggestion que le rite de passage pourrait être quelque chose qui te permet de renouer le fil de l’histoire qui te porte, de distinguer, ou retrouver, le fil de la vie, ce qui te tient, ce à quoi tu tiens – et qui serait la nature profonde de l’intention. De là, une question pourrait être : comment cette histoire apparaît-elle à la lumière de ce que tu as expérimenté ? Comment ce qui s’est passé l’éclaire ? – «Comment vois-tu ton intention à la lumière de l’expérience et de ce qui vient après ?» Ce qui suggérait la possibilité d’écrire une «lettre d’intégration», à partager ou non – comme on demande, au départ, une «lettre d’intention».

Et tout cela a fait un tour de cercle. Où une voix a pu dire la fierté de soi-même, avec force et joie. Une autre raconter qu’après avoir fait, au long de la vie, des choses de façon un peu inconsidérée, «je ne sais pas pourquoi», elle a pu, cette fois, aller chercher la gamine, en lui apportant la conscience de l’adulte. Une autre voix encore parler de mourir à soi-même et de sortir du tombeau, et de pouvoir désormais assumer «ce que je veux» ; d’accentuer aussi le lien avec la nature. Une dernière voix tissait autour de perdre le fil et reprendre le fil ; de repartir de quelque chose de juste et vrai : la terre ; de s’émerveiller ; de pouvoir tout lâcher et prendre acte de ce qui est. En conclusion, l’une de ces voix a réuni toute cette récolte en parlant de la quête de vision comme une «quête pour la liberté».


Enfin, nous avons lu un texte sur «La nature de l’intention».

Un texte d’un guide et ami, Angelo, un des plus anciens de School of Lost Borders. Ses mots portent toute la richesse de son expérience, avec l’humble délicatesse de celui qui sait que ce n’est pas lui qui sait et son immense amour pour cette cérémonie et pour les gens qu’il y guide.

La nature de l’intention

Joseph Angelo Lazenka, traduit par Guido Albertelli

L'intention a toujours été l'un des éléments fondamentaux (bare bones) de la pratique du jeûne de vision de School of Lost Borders. Lorsque quelqu'un s'inscrit à un jeûne de vision, ou d'ailleurs à n'importe quel programme de l’école, la première chose qu'on lui demande de faire est d'écrire une lettre d'intention. La question « Quelle est mon intention ? » n'est pas posée pour définir un but ultime, un résultat ou un objectif, mais pour permettre à la question elle-même d'informer et de guider. Dans sa forme la plus simple, l'intention consiste à dire oui à ce que la vie nous demande et nous offre.

L'impulsion et la décision d'entreprendre un jeûne de vision surviennent souvent en réponse à une transition majeure de la vie. Ces moments, provoqués à la fois par des cadeaux et des pertes, nous permettent de nous entraîner à mourir à ce qui ne nous sert plus afin de donner naissance à la vie qui nous attend. La confusion et la douleur sont des manifestations naturelles de la transformation et notre «nature indigène» nous permet de comprendre, voire d'apprécier, la façon dont la vie nous façonne. Nous respirons instinctivement dans les contractions de l'accouchement et nous donnons un coup de pied, en réaction, pour briser la coquille qui laisse voir ce qui émerge. Comme la fleur qui se tourne pour faire toujours face au soleil, ou l'oiseau qui montre ses couleurs et chante sa chanson, il y a dans notre humanité une exigence de prospérer et d'offrir notre beauté.

À un moment donné de notre évolution humaine, nous avons commencé à croire que nous étions séparés de la nature et, à travers ce « mensonge de la séparation », nous avons commencé à remettre en question et à analyser les cycles naturels de notre mort et de notre renaissance. Heureusement, nous entendons encore l'appel et l'invitation, mais pour y répondre pleinement, beaucoup d'entre nous doivent affronter une peur intense du changement et se confronter à l'ombre du sentiment d’être sans valeur. David Whyte a dit un jour : « Nous sommes la seule espèce qui peut refuser sa propre floraison », et en naviguant sur notre chemin vers l'intention, nous entendons souvent en nous-mêmes : « Pourquoi moi ? Pourquoi moi ? Je ne peux pas dire oui, j'ai besoin de plus de temps, je ne suis pas assez parfait. Si je dis oui, comment cela va-t-il se passer, à quoi vais-je devoir renoncer ? Qui suis-je pour être ou faire cela ?»

La raison pour laquelle le mensonge de la séparation a fait partie de notre évolution humaine est un mystère, mais il est facile de sentir comment il a nourri notre refus et a grandement contribué à la souffrance dans notre monde. L'état de notre monde moderne et le profond chagrin que nous ressentons tous nous fissurent et nous ouvrent. Nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, trouvent des mots et des moyens pour évoquer la réapparition de notre humanité essentielle. Dans « Un retour à l'amour », Mary Williamson a posé la question suivante : « Qui êtes-vous pas pour ne pas être ? » et dans ces quelques mots, on peut entendre une sorte d'antidote à notre mal-être, en offrant notre oui à la vie. Ils peuvent nous aider à nous souvenir et à réaliser que les dons avec lesquels nous sommes nés ne nous appartiennent pas et ne sont pas à thésauriser. La question que nous entendons aujourd'hui est la suivante : est-il trop tard ? Et la prière que nous faisons chaque jour est que cette nuit noire nous a amenés à un endroit où nous trouvons la compassion et le courage de lâcher le « grand mensonge » et de dire oui à ce qui nous est cher, ce que nous aimons.

Si c'est pour le dire une fois

Et une fois seulement, alors pourtant

Dire : Oui.


Et le dire complètement,

Le dire comme si le mot

Remplissait tout l'instant

De son dire absolu.


Plus tard pour « mais ».

Plus tard pour « si ».


Maintenant

Seulement l’unique syllabe

Qui est le bien-aimé,

Qui est le monde.


(Gregory Orr)

The nature of intent

by Joseph Angelo Lazenka

Intent has always been one of the bare bones of the School of Lost Borders’ way with the vision fast. ​ When someone signs up for a vision fast, or for that matter any of our offerings, the first thing they are asked to do is write a letter of intent. The question of: “What is my intent?” is asked not to define some ultimate purpose, outcome, or goal, but to allow the question itself to inform and guide. At its simplest, intent is saying yes to what life is asking and offering us.

The impulse and decision to undertake a vision fast often comes in response to a major life transition. Brought on by both gift and loss, these are the times we get to practice dying to what no longer serves in order to give birth to the life that awaits us. Confusion and pain are natural aspects of transformation ​and our indigenous nature carries an understanding, even appreciation for, how life shapes us. We instinctively breathe into the birthing contractions and reactively kick out to break through the shell baring our emergence. Like the flower turning to always face the sun, or a bird showing it colors and singing its song, there is in our humanness an imperative to thrive and offer our beauty.

At some point in our human evolution we began to believe that we were separate from nature, and through this “lie of separation” we began to question and analyze the natural cycles of our dying and rebirth. Fortunately we still hear “call” and invitation, but to respond fully many of us have to turn into an intense fear of change and face the shadow of unworthiness. David Whyte once said, “We are the only species that can refuse our own flowering”, and in navigating our way to intent we often hear in ourselves: Why me? I can’t say yes, I need more time, I’m not perfect enough. If I say yes, how will it come about, what will I have to give up? Who I’m to be or do this?

It is a mystery why the lie of separation became a part of our human evolution, but easy to feel how it has fed our refusal, and added greatly to the suffering in our world. ​The state of our modern world, and the deep grief that we all are feeling, is cracking us open. Many are now finding words for, and ways to point to, a re-emerging knowing of our essential humanness. In “A Return to Love” Mary Williamson asked “Who are you not to be?” and in these few words one can hear a kind of antidote to our dis-ease, with offering our yes to life. They can help us to remember and realize ​that the gifts that we are born with are not ours nor ours to horde. The question we are now hearing is: Is it too late? And the prayer we live each day is that this dark night has brought us to a place where we are finding the compassion and the courage of heart to let go of the “great lie” and say yes to the beloved.​

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Meredith Little en Suisse Romande

En mai 2023, nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir Meredith Little en Suisse pour une semaine de séminaire sur la mort comme rite de passage.

L’occasion aussi pour nous de célébrer officiellement, grâce à la visite de cette invitée de marque, la naissance de notre association suisse romande Rite de Passage.

La mort comme ultime Rite de Passage

une interview réalisée par Lien De Coster (she/they)

En mai 2023, nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir Meredith Little en Suisse pour une semaine de séminaire sur la mort comme rite de passage. L’occasion aussi pour nous de célébrer officiellement, grâce à la visite de cette invitée de marque, la naissance de notre association suisse romande Rite de Passage.

Lien de Coster (Leaves of Lien) nous a fait le plaisir de nous rejoindre pour ce séminaire et a réalisé cette magnifique interview.

Entourés par les Alpes et avec le son clair et régulier d’un ruisseau de montagne en arrière-plan, nous sommes avec Meredith Little, la “grande dame” des rites de passage contemporains et co-fondatrice de The School of Lost Borders, basée en Californie. Elle est en Suisse pour enseigner “la pratique de la vie et de la mort”, une semaine axée sur la mort et le décès, et pour soutenir la toute nouvelle association suisse Rite de Passage, co-fondée par Carine Roth. Les mots de Meredith, comme sa personne, sont empreints de simplicité, de sagesse et d’humilité. 

Nous venons de passer une semaine à nous intéresser aux pratiques liées à la mort et au décès. Que perdons-nous en tant que culture lorsque la mort devient un sujet tabou et que nous perdons notre relation avec elle  ?

Je pense que nous nous perdons les uns les autres. Nous perdons une connexion essentielle. Nous perdons les moyens de nous soutenir les uns les autres et d’être ensemble par le biais de conversations, en apprenant à nous soutenir les uns les autres dans ces derniers moments, mois ou années, où l’on s’achemine vers la mort. Pourtant, la mort et le décès sont des sujets passionnants. Il y a tant d’histoires que les gens veulent raconter et qui sont vraiment des “histoires d’apprentissage”. Lorsque le message est que la mort est morbide, il n’est plus acceptable d’en parler. Les choses se perdent et se tassent, ce qui engendre une grande peur de la mort et de l’agonie. Il est naturel d’avoir peur de la mort et de mourir, mais lorsque nous pouvons avoir cette conversation, c’est très riche et cela fait aussi une différence dans la façon dont nous vivons. Reconnaître que nous allons mourir, et que nous avons la possibilité de prendre certaines dispositions et notre responsabilité face à cette vérité, fait également une grande différence dans les choix que nous faisons dans notre vie et dans notre manière d’être au monde.

Je me suis posé des questions à ce sujet tout au long de la semaine, en écoutant les histoires des gens. Le programme s’intitule “la pratique de la vie et de la mort” : diriez-vous que nous avons davantage peur de vivre ou de mourir  ?

Certaines personnes reconnaissent clairement qu’elles ont plus peur de dire pleinement oui à leur vie que de mourir. Je sais que le fait de parler de la mort et du décès, et tout l’enseignement qui en découle, améliore notre vie. Le simple fait de reconnaître que nous ne savons pas quand nous allons mourir et que nous ne contrôlons pas ce qui va se passer fait une différence dans le type de choix que nous faisons. Nous nous disons : “Faisons comme si cela n’allait pas arriver, le système médical nous maintiendra en vie très longtemps. Je n’ai pas besoin d’y penser maintenant”. Cette manière de penser peut maintenir les gens dans une fausse sécurité et les limiter plutôt que de les encourager à prendre des risques et à évoluer au fur et à mesure que la vie nous fait grandir.

PREMIÈRES RENCONTRES

Vous avez consacré votre vie au travail sur les rites de passage et avez eu l’occasion d’avoir ces conversations pendant des décennies avec de nombreuses personnes de différentes générations. Avez-vous observé des changements dans notre rapport à la mort au cours de cette période ?

Dans l’ensemble, il y a moins de tabou à parler de la mort et il y a plus de livres, d’expériences, d’ateliers et de séminaires qu’auparavant, mais je ne vois pas de diminution de la peur inhérente des gens face à la mort et au vieillissement. Je pense que le vieillissement, avec toute la technologie moderne et les médicaments, est vraiment l’objet de la peur, plutôt que la mort elle-même.

Dans les cultures anciennes, les gens mouraient chez eux. Ils mouraient de choses qui, aujourd’hui, se soignent très facilement, les familles étaient présentes et tout le monde était là pour s’occuper de la personne. La famille était présente et tout le monde était là pour s’occuper de la personne. Il y avait plus de gentillesse. L’idée d’être transporté dans un hôpital stérile et impersonnel, loin de la famille, suscite la peur. Il y a aussi la peur de la démence et du cancer, qui sont plus fréquents parce que nous vivons plus longtemps. Je pense donc que l’on en parle davantage, mais je ne pense pas que l’on craigne moins le processus de la mort.

J’aime beaucoup la notion qui, au cours de la semaine, est ressortie de nombreux récits d’enfance, à savoir que les enfants ont une relation naturelle, peut-être même intacte, avec la mort. Que pouvons-nous faire pour aider les enfants à entretenir une bonne relation avec la mort plutôt que de la voir comme un obstacle à la vie ?

En étant nous-mêmes beaucoup plus à l’aise avec la mort. En ne la considérant pas tant comme un échec, et en nous sentant capables et à l’aise pour répondre aux questions que les enfants commencent à poser – ils posent naturellement des questions – sans avoir l’impression de devoir leur donner toute une thèse sur ce qui se passe. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, les enfants commencent à poser des questions plus nombreuses et différentes sur la mort et nous devons être en mesure de répondre à ces questions. Lorsque l’enfant est confronté à la mort d’un animal de compagnie ou d’un membre de sa famille, il ne faut pas craindre que cela soit trop douloureux pour lui. Il faut l’accueillir et le laisser participer au processus, l’aider à explorer ses propres sentiments par rapport à ce qui est arrivé à cette personne, l’aider à développer son propre sens de ce qui arrive aux animaux lorsqu’ils meurent. Il est certainement utile de les faire sortir dans la nature et de leur faire voir la vie et la mort qui s’y déroulent en permanence.

“Le travail de deuil et de faire face à notre propre mort doit être accompli afin de passer à d’autres phases de notre vie”

Vous avez mentionné le fait que les adolescents et les jeunes se sentent à l’aise pour parler de la mort. Et je vous ai vu vous illuminer à plusieurs reprises cette semaine lorsque vous parliez de nos jeunes. Il semble y avoir une saine férocité à vouloir soutenir les jeunes qui grandissent dans un monde où il y a beaucoup de crises, des espèces qui meurent, la guerre… tout cela. Comment pouvons-nous les aider en tant qu’adultes et aînés ?

Je pense que ce sont eux nos guides. Nous nous devons de répondre présents à leur côté. Nous devons les interroger, ouvrir ces conversations, et surtout les écouter. Nous devons respecter leurs pensées et leurs opinions. S’il y a des traumatismes et des tragédies autour d’eux, cela devient dangereux s’ils se sentent impuissants. Nous pouvons les aider à trouver des moyens d’action, à trouver quelques chose sur lequel ils ont prise, qu’ils puissent se sentir responsables de quelque chose, cela fait une différence. S’ils trouvent un moyen de s’investir et de se responsabiliser, et qu’ils sont écoutés, ils ne se sentent plus aussi impuissants et sont moins traumatisés. Ils grandissent alors avec leur propre système de valeurs, qui évolue en fonction de ce qui se passe autour d’eux.

PÉRIODES SOMBRES

Nous avons déjà parlé de la place de la mort dans notre culture. J’apprécie que vous ayez mentionné le fait que nous considérons la maladie comme notre faute et la mort comme un échec. Comment pouvons-nous aborder ce récit différemment ? Il s’agit d’un récit tellement toxique qui ne nous aide pas à nous diriger vers une bonne mort.

Je pense qu’à l’origine de ce récit toxique se trouve la façon dont nous nous considérons comme séparés de la nature. D’une certaine manière, nous sommes meilleurs que tout ce qui meurt. Je suis surpris par le nombre de personnes qui pensent que nous pourrions facilement vivre jusqu’à 170 ans. Que… cela puisse être un objectif ! Ce serait clairement égoïste pour les jeunes. Lorsque votre heure est venue, vous trouvez une façon élégante de dire au revoir et vous faites de la place à la jeune génération qui arrive. Vous ne prenez pas toute la nourriture et l’espace dont les autres ont besoin. Il y a une telle peur autour de cela aujourd’hui. Les traditions religieuses et les institutions médicales nous disent que nous faisons quelque chose de mal lorsque nous mourons et même lorsque nous tombons malades. Si vous avez un rhume, c’est que vous faites quelque chose de mal, et non que votre corps essaie naturellement de trouver un équilibre. C’est une autre façon de nous séparer de la nature.

Vous avez dit plusieurs fois “je ne vais pas avoir une mort propre”. Je l’ai noté parce que cela m’a surpris. Vous qui avez passé une grande partie de votre vie dans ces pratiques, à vous préparer à la mort, on pourrait pensez que si vous ne pouvez pas le faire, qui le pourra?

Je pense que c’est pour cela que je le dis. Nous sommes tous humains. Je ne sais pas à quoi ressemblera ma mort. Je sais que je n’ai certainement pas été parfaite dans ma vie, même si j’essaie de bien communiquer et d’assumer mes responsabilités dans mes relations avec les autres et avec la vie. Vous savez, je pense que je dis cela pour nous rappeler qu’il ne s’agit pas d’être parfait. Ce n’est tout simplement pas le cas. Il y a tellement de tension autour du besoin d’être parfait, de mourir d’une bonne mort en ayant fait tout notre travail. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise mort, il s’agit simplement d’apprendre à continuer à grandir dans notre humanité. J’imagine que je continuerai à apprendre jusqu’à ma mort et qu’il y aura des choses inachevées derrière moi. Je pense que c’est inévitable.

Alors, quelle est la chose que nous devrions retenir et que nous pourrions intégrer dans notre vie quotidienne comme une pratique de la vie et de la mort? Comment pouvons-nous commencer à nous engager dans cette voie ?

C’est différent pour chacun-x-e. En ayant des conversations, en n’ayant pas peur, en ne considérant pas le fait de parler de la mort comme morbide mais comme une conversation fascinante, en passant du temps en nature. Les cafés de la mort aussi sont formidables. Je pense qu’il s’agit de reconnaître à quel point nous nous sommes limités en faisant de la mort -et du fait d’en parler- un tabou. Cela nous a limité non seulement dans la vitalité du rapport à notre propre mort physique, mais aussi dans notre capacité à faire le deuil, à laisser mourir ce qui doit mourir pour passer à d’autres phases de notre vie. Si nous pouvions en être conscients, le reconnaître et ne pas considérer le fait de traverser une période sombre, de peur, de dépression ou d’obscurité comme quelque chose de mal, mais plutôt comme quelque chose qui nous fait avancer vers une nouvelle croissance, comme une étape nécessaire pour aller de l’avant, cela changerait beaucoup de choses dans notre vie.

Références

School of Lost Borders

Rite de Passage

Leavesoflien

Ceux d’ici

Death is an exciting topic

by Lien De Coster (she/they)

Surrounded by the Alps and with the steady clear sound of a mountain stream in the background, I sit with Meredith Little, the ‘grande dame’ of contemporary rites of passage and co-founder of the Californian-based School of Lost Borders. Little is in Switzerland to teach ‘the practice of living and dying’, a week focussing on death and dying, and to support the brand new Swiss rites of passage association founded by Carine Roth. Little’s words, as her person, are filled with simplicity, wisdom and humility.

We’ve just spent a week engaging with practices in death and dying. What do we lose as a culture when death and dying becomes a taboo subject and we lose our relationship to it?

I think we lose each other. We lose a really important connection that we have. We lose the ways that we can support each other and be with each other through conversations, through learning how to support each other in those last moments, months or years, of moving toward death. And yet, death and dying is an exciting topic. There are so many stories that people want to tell that really are ‘learning stories’. When the message is that death is morbid, it becomes not okay to talk about it. It gets lost and stuffed down, and this creates a lot of fear around death and dying. It’s natural to have some fear around death and dying but when we can have that conversation, it is very rich and it also makes a difference in how we live. Recognizing that we are going to die and that we have some choice in the context of that also makes a big difference to the choices that we make in our life and about living.

I’ve been wondering about that throughout the week, listening to peoples’ stories. The program is called ‘the practice of living and dying’: would you say we are more afraid of living or dying?

Some people, like we had in this group, clearly recognize that they are more afraid of saying a full yes to their life than to dying. I know that talking about death and dying, and all the teaching that comes with it enhances our life. Even in just recognizing that we don’t know when we are going to die and that we are not in control of what happens makes a difference to the kind of life traces that we make. We think, ‘let’s just pretend it’s not going to happen, the medical system will keep us alive a really long time. I don’t have to think about it now’. This can keep people stuck in safety rather than taking rich risks and changing as we grow.

EARLY ENCOUNTERS

You’ve dedicated your life to rites of passage work and have had the opportunity to have these conversations over decades with lots of people from different generations. Have you observed any shifts in our relationship with death over that time span?

Overall, there is less taboo on talking about death and there are more books, experiences, workshops and seminars than before, but I don’t see there being a lessening in people’s inherent fear of death and aging. I think aging, with all the modern technology and medications, is really where the focus of the fear tends to be, rather than on death itself.

In early cultures, people died in their homes. They died of things that today are fixed really easily, families were around, and everybody was there to take care of the person. There was more of a gentle kindness about it. There is fear in the thought of being taken to a hospital where it is sterile and impersonal, and far away from family. There is the fear of dementia and cancer, which we have more of because we are living longer. So, I think there is more talk about it but I don’t think there is less fear of the dying process.

I really like the notion that, over the week, came out of many stories of childhood of children having a natural, maybe even intact, relationship with death. What can we do to support children to stay in good relationship with death rather than it being in the way of living?

By getting a lot more comfortable with it ourselves. By not seeing it so much as a failure, and by feeling able and comfortable to answer questions when children begin to ask them – they naturally ask questions – without feeling that we have to give them a whole thesis on what happens. As they grow up, children begin to ask more and different questions about death and we need to be able to show up for that. When there is an encounter with the death of a pet or a relative, again, not to fear that this is too painful for the child. Really embrace them and let them be a part of the process, help them explore their own feelings around what happened to that person, help them develop their own sense of what happens to animals when they die. Certainly, it is helpful to have them get out into nature and see the living and dying that’s happening out there all the time.

“The work of dying needs to be done in order to move into different phases of our life”

You mentioned how adolescents and young people feel comfortable talking about it as well. I saw you light up a few times this week when talking about our young people. There seems to be a fierceness for young people trying to grow up in a world where there are a lot of stories around death, crises, species dying and war…all of that. How can we show up for them as adults and elders?

I think they are the guides. We have to show up, as you said. We have to ask and we have to listen to them. We have to respect their thoughts. If there is trauma and tragedy around, it is really dangerous if they feel helpless in relation to that. So, we can help them find ways of helping, find an action so they feel a little bit of something that makes a difference. If they can find something that makes a difference, they don’t feel so helpless and they are less traumatized. They grow with their evolving value system about what’s happening around them.

DARK TIMES

We already talked a bit about the place of death in our culture. I love that you mentioned that we look at disease as our fault and death as a failure. How can we approach that narrative differently again? It seems to be such a toxic narrative that doesn’t support us to move towards a good death.

I think at the root of it is the way that we see ourselves as separate from nature. Somehow, we are better than everything else that dies. I’m surprised by how many people there are that think that we could easily live to be 170 years old. That….that’s a goal! For early people, that would be selfish. When it’s your time, you gracefully find a way of saying goodbye and you make room for the young generation coming in. You don’t take up all the food and space that is needed by everybody else. There’s such fear around that today. We get messages from spiritual traditions and medical institutions about how we’re doing something wrong when we die and even when we get sick. If you get a cold, you’re doing something wrong, rather than it being your body naturally trying to find a balance. It’s another way that we separate ourselves from nature.

You said a few times ‘I’m going to die messy’. I wrote it down because it surprised me. You who have spent so much of your life with these practices, preparing for death, you could say, if you can’t do it, who can?

I think that’s why I say it. We’re all human. I don’t know what my death is going to look like. I know I certainly haven’t been perfect in my life even though I try to communicate clearly and take responsibility for relationships. You know, I think I say it to remind us that it’s not about being perfect. It’s just not. There is so much tension around needing to be perfect, to die a good death by having done all our work. There is no good or bad death, there is just learning how to keep growing into our humanness. I imagine I’ll keep learning until I die and that there will be unfinished stuff behind me. I think it’s inevitable.

So, what is the one thing we should take away that we can integrate into our daily lives as a practice of living and dying? How can we start engaging in this?

It’s different for everyone. By having the conversations, not being afraid, not seeing talking about death as being morbid but as a fascinating conversation, spending time on the land; Death Cafes are great. I think it’s just about recognizing how much we’ve been stunted by making death and talking about it a taboo – not only in our physical living and dying but also in being able to move from doing the work of the dying that needs to be done in order to move into different phases of our life. If we can be aware of that and recognize that and not see going through a dark time and a time of fear or depression or time in the underworld as something that’s wrong but as something that’s moving us toward new growth, it would change a lot of our life.

More info:

School of Lost Borders

Rite de Passage

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